Conférence sur l’environnement – 4ème jour
6 octobre 2009 – Gyuto, Dharamsala
Quatrième jour, le 6 octobre 2009
La session du matin a débuté par des questions et des réponses.
La gestion des déchets
Le sujet principal de la matinée était porté sur la gestion des déchets. Le Dr Anjan Kumar Kalia a donné une présentation claire et simple sur ce sujet. Il a tout d’abord expliqué les différents types de déchets et a souligné que même si ces derniers étaient un problème, ils pouvaient être une source de richesse. Il a ensuite mis l’accent sur le vermicompostage qui est utilisé pour composter les déchets de cuisine et le biogaz qui est produit par les matières animales et les déchets. La session s’est complétée avec des questions de l’audience.
Le thème de l’après-midi : La Protection de la Vie Sauvage
La science de la préservation
Mrs Deki Chungyalpa a parlé de la biodiversité et a été traduit en tibétain par Sa Sainteté le Karmapa. Elle a expliqué comment le terme biodiversité se réfère aux espèces, à la diversité des gènes, à l’écosystème et aux processus écologiques.
Les activités de l’homme ont un effet nuisible. Les preuves scientifiques montrent que depuis que l’homme moderne s’est établi à travers le monde, de nombreuses espèces ont disparu. Dans le passé cela était dû à la chasse, et plus récemment à cause de la déforestation et à la destruction.
L’écosystème inclue tout au sein d’un environnement spécifique: l’air, la terre, les températures, les précipitations et toutes choses vivantes.
Pour conclure, Mrs Deki Chungyalpa a expliqué comment les écologistes ont œuvré pour protéger l’écosystème et les espèces menacées.
La Protection de la faune et le commerce illégal d’espèces sauvages
Mr Tenzin Norsang de la fondation Wildlife of India a évoqué comment une partie de la faune a été détruite par le braconnage en parlant tout d’abord des tigres.
La population des tigres du sous-continent indien est en déclin rapide. La faute en incombe au commerce illégal d’espèces sauvages. Les tigres sont l’objet de braconnage dans les réserves de tigres ; nombreux sont sortis clandestinement de l’Inde et utilisés pour la médecine et comme objet de décoration.
Le chiru - une antilope sauvage du Tibet, est la proie des chasseurs professionnels pour sa douce fourrure qui permet de confectionner des châles très coûteux. Quant aux rhinocéros d’Assam, ces derniers sont tués pour leurs cornes.
Mr Tenzin Norsang a expliqué que la Fondation Indian Wildlife Protection Act condamne ces actes par des amendes et par un emprisonnement pour ceux qui violent la loi. En 2006, lors de l’initiation de Kalachakra qui s’est déroulé à Amaravati, Sa Sainteté le Dalaï Lama avait parlé des personnes portant des fourrures provenant d’espèces menacées; cela avait eu un impact, mais en 2009, le nombre de tigres tués a augmenté.
Pour finir Mr Tenzin Norsang a expliqué ce qu’il fallait faire pour protéger la faune, comme la création de couloir de migration d’éléphants, et a demandé à chacun de respecter les animaux.
L’avenir : Destruction ou Protection ?
La dernière présentation de la conférence a été donnée par le Gyalwang Karmapa qui a souligné l’importance de la biodiversité. Celle-ci existe toujours et a besoin d’être préservée. Le Karmapa a lu quelques versets tibétains pour illustrer comment dans la culture tibétaine la faune est souvent citée et louée.
Il a évoqué avec une attention particulière le rôle du tigre dans l’écosystème, car de nombreux moines avaient soulevé des questions au cours de cette conférence et de la précédente, sur l’utilité de protéger un prédateur si terrible ! Peut-être que le monde serait plus tranquille sans lui.
Les forêts prennent des milliers d’années pour se former et constituent un écosystème précieux. Protéger les forêts, protège tous les êtres vivants de l’écosystème. Le tigre est le roi de la jungle et protège la forêt. Le tigre contrôle son comportement. Il mange de 18 à 20 kilos de viande à la fois lorsqu’il a faim. S’il tue un buffle d’eau, il ne pourra pas le manger en une seule fois, cependant il reviendra manger les restes encore et encore. Il ne gaspille jamais rien. Habituellement, un tigre choisit sa proie avec attention et évite de choisir les malades, les âgés et faibles d’un troupeau. Ainsi, il joue un rôle dans le maintien de la santé d’un troupeau. Bien que le tigre ait l’air d’être féroce, sa vie est bien courte et varie peut-être entre dix à quinze ans seulement. Les humains en revanche, ne sont pas féroces mais vivent longtemps et chassent beaucoup ! La présence d’un tigre dans une forêt se fait sur une surface de 10 à 15 kilomètres, préservant ainsi cette zone de forêt.
Nombre de personnes pensent que le tigre est un danger parce qu’ il tue considérablement. De la même façon, dans l’océan, le requin est « le tigre des mers ». L’intérêt porté envers les requins a augmenté car ils sont très effrayants. Les gens pensent que l’océan se porterait mieux sans eux. Mais en mangeant beaucoup de poissons les requins maintiennent un équilibre dans l’écosystème. Ainsi, les tigres et les requins jouent un rôle important dans leurs écosystèmes respectifs.
Le Karmapa a alors expliqué le fonctionnement de la chaîne alimentaire. Les plantes ont besoin de la terre, du soleil, et de l’eau pour grandir. Elles sont ensuite mangées par les chevreuils et les lapins, qui, à leur tour sont dévorés par les omnivores comme les ours ou les carnivores comme le tigre. Lorsque le tigre meurt, il est mangé par le vautour, qui est alors mangée par les vers et les insectes. Ces derniers laissent alors des éléments nutritifs dans le sol afin que les plantes puissent se développer. Ce cycle est comme celui du samsara, avec ses côtés bienfaisants et malveillants.
Nous percevons notre vie humaine comme étant précieuse, mais selon la biodiversité, toute forme de vie au sein de l’écosystème est précieuse.
Il y a une histoire à propos d’une vie antérieure du Bouddha. Il offrit son corps à une tigresse affamée. Si le tigre n’était pas si important, pourquoi le Bouddha a t-il offert son corps à la tigresse ? Elle était affamée et malade, et n’avait même plus de force pour dévorer le Bouddha; il coupa alors sa main pour que la tigresse puisse boire son sang. La survie est très importante pour tout être, même pour les tigres, et c’est pour cela que le Bouddha a offert sa vie pour sauver la tigresse et ses bébés tigres.
En Thaïlande, il y a un endroit où les moines et les tigres vivent ensemble. Cela s’est passé lorsqu’un chasseur a tué une maman tigre et a donné le bébé tigre à un temple, mais il mourut plus tard. Depuis ce jour, les moines ont entrepris de sauver les bébés tigres orphelins car le tigre de Chine du Sud est très rare. Aujourd’hui, le monastère compte 17 tigres. Cependant, les moines tentent maintenant de réintroduire les tigres dans leur milieu naturel forestier.
Le Bouddhisme enseigne que tous les êtres ont été nos pères et non mères. Ces moines ont donné de l’amour envers ces « mères », ces êtres sensibles, qui ont survécus.
Il est de par nature humaine que d’essayer de découvrir de nouvelles choses et d’obtenir des bénéfices dans toutes les situations. Dans les enseignements bouddhistes, chaque être sensible souhaite le bonheur et souhaite éviter la souffrance. Le tigre dévore la chair mais souhaite le bonheur. Même un ver de terre souhaite aussi le bonheur, mais nous humains, considérons notre propre bonheur comme plus important.
Sa Sainteté a montré a slide-show sur une tigresse portant ses bébés tigres avec soin dans sa mâchoire, ceci pour dépeindre le contraste de l’image du tigre comme étant un prédateur féroce; puis il a expliqué qu’en raison du réchauffement climatique, le tigre avait été contraint de changer d’endroit, et lorsque le tigre change de lieu, cela a un impact négatif sur tout l’environnement.
Tous les êtres sensibles sont interconnectés et interdépendants. D’une certaine manière, ce qui affecte un être, affecte tous les autres êtres. Tous les êtres sensibles ont le droit de vivre !
Mise en place d’un nouveau site concernant l’Ecologie Kagyu
Sa Sainteté le Gyalwang Karmapa a decidé de créer un site internet qui comportera les actions du mouvement de protection de l’environnement Kagyu ainsi que tous les travaux environnementaux et développement au sein des monastères et nonneries Kagyu.
Le site étant en phase finale pour sa création, les membres de la conférence ont été conviés à donner leurs idées et point de vue.