Gyalwang Karmapa supervise les répétitions des danses Cham
Bodhgaya – 10 février 2012
A l’approche du nouvel an tibétain, traditionnellement Tsurphu présente un rituel spécial connu sous le nom de Gutor. Ce long rituel de 10 jours est dédié au Grand Protecteur de l’école Karma Kagyu, Gonpo Bernachen ( Mahakala en sanskrit). Le rituel de cette année revêtira un caractère très spécial, puisque pour la première fois depuis l’arrivée de Gyalwang Karmapa en Inde, le rituel de Tsurphu Gutor sera présenté dans son intégralité, incluant les danses sacrées appelées Cham en tibétain. Elles seront accomplies par des moines venus de sept monastères Karma Kagyu du Népal et de l’Inde : Rumtek, Ralang, Mirik, Benchen, Phodong, Ancien Rumtek, et Ancien Ralang. Un public d’une centaine de fidèles s’étaient regroupé dans la grande salle très froide du temple au monastère de Tergar pour voir la répétition du Cham qui a duré toute la journée.
Les danseurs portaient une partie des costumes – des vestes richement ornées de brocard, les bottes tibétaines blanches rebrodées et recouvertes de brocard sur le haut de la tige, et, pendant de leur ceintures, un chab-shu de brocard doré. Le chab-shu est un sac carré contenant un petit récipient d’eau, il représente le pot d’eau que les moines pleinement ordonnés transportent traditionnellement. Le climat froid du Tibet les obligeait à envelopper l’eau dans du tissus pour qu’elle ne gèle pas. A travers le temps, les récipients sont devenus plus petits et le tissus un chab-shu.
Plus de quarante moines dansaient en cercle dans la salle du temple, leurs corps oscillaient, leurs bras se levaient et redescendaient, tandis qu’ils répétaient les enchaînements sous les regard attentifs de Gyalwang Karmapa et de Gyaltsap Rinpoché. Les danses étaient accompagnées par les frottements et les frappes des cymbales, les chants tibétains profonds et résonnants, et les battements des grands tambours du temple.
C’est la Danse de Purification de la Terre qui a débuté la représentation, qui comportait aussi la Danse des Protecteurs, la Danse des Squelettes, la Danse des Yaks et des Cerfs, la Danse du Singe Protecteur, et la célèbre Danse du Chapeau Noir. Les danses demandent une grande variété de tempos, de pas et de gestes des mains et du corps. Les Cerfs avaient des cors fleuris et s’inclinaient devant le Bouddha, les Squelettes se secouaient, les Singes bondissaient de haut en bas, leurs bras se balançant de part et d’autre de leurs corps.
Certaines danses sont très acrobatiques avec des bonds plein d’entrain, des sauts à cloche-pied, des envols avec retombées jambes accroupies très vifs. D’autres sont plus calmes comme exécutées au ralenti avec des mouvements de jambes pliées montant jusqu’à la taille, de pieds tournés vers l’extérieur, suivis de pas pesants et de rotations lentes. Les visages des moines montraient une grande concentration, et, en dépit du froid de la salle, ont pouvait voir les danseurs essuyer subrepticement la sueur de leurs fronts.
Pendant les répétitions, trois moineaux plongeaient et tournoyaient au-dessus des danseurs. Les petits
oiseaux voletaient de tangka en tangka ou se perchaient momentanément sur le grand Mandala d’offrandes placé sur la table dans la salle du temple. Au-dessus de la table, sur une estrade, une statue du 16° Karmapa le représentait d’une façon très vivante, assis impassible, sur le trône.
Le Gutor débutera le 14 février et les danses Cham seront présentées le 20. Ce jour-là, les moines revêtiront les masques et les costumes intégraux, et il est possible, quoique non totalement défini à ce jour, que Gyalwang Karmapa lui-même, Kyabje Jamgon Kongtrul Rinpoché et Kyabje Gyaltsap Rinpoché participent au Cham, ce qui transformerait cette cérémonie en un événement encore plus exceptionnel et unique.
