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29° Kagyu Monlam – 2ème Jour

2 mars 2012

A la fin de la journée, hier, le chef de discipline avait gentiment réprimandé certains moines qui étaient arrivés en retard pour la première session. Tout le monde était à l’heure pour ce 2ème Jour.

La session a débuté par les vœux de Sojong, conférés par Gyaltsap Rinpoché.  Puis ont été récitées la prière du refuge (en sanskrit), et les 20 Branches Monlam. Gyalwang Karmapa  était présent pour la 2ème session. Mais pendant les sessions suivantes il est resté dans ses quartiers à travailler sans relâche aux préparations des jours à venir, il a aussi donné des audiences, visité le monastère Nyingma, et fait un saut dans le temple de Tergar pour voir les moines et les nonnes qui y prennent leur déjeuner. Dans la soirée, il s’est rendu sous le chapiteau du Monlam pour superviser la répétition finale de la représentation de « Karma Pakshi » qui aura lieu le 3 mars.( cf comptes-rendus séparés)

Enseignement de Gyalwang Karmapa sur les Champs Purs de l’Est et de l’Ouest. - J2

Le 2 mars, sous l’arche bleue du chapiteau du Monlam, Gylwang Karmapa a poursuivi son enseignement sur le champ pur de Sukhavati ( Dewachen). Il avait parlé la veille de qui pouvait y renaître, et après avoir abordé plusieurs aspect de cette question, il avait conclu que quiconque tournerait son esprit vers des actions positives, aurait la possibilité de renaître en Sukhavati. Aujourd’hui il a abordé le but et les bénéfices d’une renaissance dans ce champ pur. L’un d’eux est d’éviter l’expérience des mondes inférieurs et la souffrance, quelle soit physique ou mentale, parce qu’il s’agit d’un lieu (ou niveau de réalisation) où elles ne sont pas expérimentées. Bien au contraire chaque jour y ressemble à un festival de miracles. Et plus encore, jusqu’à l’obtention de l’éveil, nous y trouverons toutes les ressources et les loisirs. Mais le plus important de tout, est que toutes les conditions qui créent des obstacles à  la libération et à l’omniscience diminuent, et qu’au contraire, tout ce qui soutient la réalisation augmente.

Quelles sont les conditions adverses sur le plan physique ? Le corps vieilli, expérimente les maladies et la faiblesse. Les éléments qui le composent perdent de leur force, et finalement nous mourrons. Pendant que nous sommes vivants, nous pouvons rencontrer la misère, nous sommes débordés par de multiples activités pour nous loger, nous nourrir, nous soigner. Tout cela n’existe pas en Sukhavati.  Les conditions adverses du point de vue mental, sont principalement en relation avec la saisie d’un soi et des phénomènes. Cela se manifeste par un grand attachement à notre corps, aux objets que nous possédons, au lieu où nous vivons. Le   » je  » est l’objet constant de nos pensées. Bien plus, nous avons une vue fausse du karma,  nous dénigrons la loi de cause à effet, et nous avons des pensées négatives vis à vis des autres. Les souffrances liées à l’aversion ou au désir excessif apparaissent. Par ignorance nous ne prenons pas garde aux autres, ou aux perceptions plus élevées. Toutes ces conditions négatives grossières, physiques ou mentales, n’existent pas en Sukhavati.
Liées à la fois au physique et au mental, cinq perturbations voilent et obscurcissent notre samadhi : la recherche des plaisirs, la malveillance, la torpeur, l’agitation, le regret ou le doute excessif. A travers elles, nous nous engageons dans ce qui est négatif au lieu de tourner notre esprit vers les activités vertueuses. Nous accumulons du karma qui nous conduira vers les renaissances dans les mondes inférieurs. Un nouveau  karma négatif est produit par le corps, la parole et l’esprit, et l’ancien karma arrive à maturité. En Sukhavati, ces conditions qui sont des obstacles à la libération et à l’omniscience n’existent pas.
Des conditions négatives extérieures peuvent aussi se manifester – le feu, les inondations, les poisons, les armes – tout ce qui causera du tort. Il y a aussi les esprits négatifs, les ennemis, les voleurs etc. Les cinq objets des sens – forme, son, odeur, goût, toucher – peuvent aussi être des obstacles. En Sukhavati, ces conditions extérieures génératrices de non-vertu, n’existent pas non plus.

En Sukhavati ce sont les conditions favorables, en harmonie avec la voie, la pratique, qui sont prédominantes. Par exemple, nous pouvons renaître dans un autre monde et y pratiquer la voie. Nous ne mourrons pas involontairement, mais au contraire nous avons une longue vie, dotée de beaucoup de qualités positives, et pouvons atteindre les siddhis, les états de perception les plus élevés, comme l’œil de la sagesse ou l’œil divin.En une seule matinée, nous pouvons aller devant les bouddhas des dix directions et leur faire des offrandes illimitées. Nés près d’eux, nous recevons leurs  précieuses instructions. Sans obstacles, tout ce que nous souhaitons nous est présenté – nourriture,  vêtements,  lieu de repos etc. Mais ces plaisirs n’entraînent pas de souffrances, ils ne nous détournent pas non plus du chemin, mais au contraire ils nous aident à expérimenter le Dharma authentique. Nous nous sentons en permanence en parfaite sérénité, comme ceux qui connaissent l’état de concentration méditative du 3ème niveau. Les pensées liées au Dharma authentique – impermanence, nature de la souffrance, le non soi – apparaissent spontanément dans notre continuum mental. En Sukhavati, les bouddhas, les chakravartins, les êtres supérieurs, sont présents. Donc toutes les conditions sont réunies pour nous aider à progresser sur la voie.
La joie, la félicité sont omniprésentes. Amitabha, Avalokiteshvara et Vajrapani sont toujours présents. Des champs purs des dix directions un grand nombre de bodhisattvas et d’arrhats viennent avec leur entourage pour tourner la roue du Dharma. Toutes les conditions favorables extérieures se manifestent sans effort. Les sons ne sont pas en relation avec les phénomènes ordinaires, mais avec le Dharma  qui est entendu  naturellement  et parle de l’impermanence, de la paix, du non soi. La beauté qui règne dans ce monde – l’arbre qui accompli tous les souhaits, les divinités célestes -  n’est pas source de distraction, mais fait naître dans l’esprit ce qui est vertueux pour le chemin : le Bouddha, le Dharma, la sangha, le samadhi, la foi, la vacuité et la parfaite  connaissance. Ce qui apparaît est un esprit qui souhaite atteindre la libération et l’omniscience. Donc même si des objets extérieurs existent, ils ne sont que les conditions parfaites pour accomplir la voie. En résumé, par rapport aux autres champs purs, avec toutes ces conditions favorables internes et externes, Sukhavati  offre l’opportunité – a la fois vaste,profonde et rapide – d’atteindre  toutes les qualités sur le chemin.

Après ces explications, Sa Sainteté les a enrichies en lisant les citations d’un sutra «  Comment se Déploie le Champ Pur de Sukhavati ». Les citations disent que Sukhavati est un lieu où même le mot souffrance n’existe pas, où chacun trouve tout ce qui lui est nécessaire, et où les concepts de soi et autre sont absents. Donc, les raisons qui font que nous aspirons à une renaissance en Sukhavati  sont que nous pouvons y rencontrer de nombreux amis spirituels,  de véritables Bouddhas comme Amitabha, de véritables bodhisattvas comme Vajrapani. Par cela, les qualités sur le chemin apparaissent, et nos esprits en étant transformés, notre pratique se développera.

Puis Gyalwang Karmapa a abordé  certains points qui font débat sur. Le premier est la question de savoir lesquels, des auditeurs, des bouddha solitaires, des dieux ou des humains pouvent  renaître en Sukhavati. Dans un sutra relatif à Amitabha, il est dit que tous peuvent y renaître. Nagarjuna affirme la même chose. Il est dit aussi que comme les causes et conditions sont parfaites, tous ceux qui naissent en Sukhavati sont dotés des cinq perceptions supérieures et des cinq œils ( physique, divin, de sagesse etc).
Un autre débat  est la question de savoir si les plaisirs des sens sont source de jouissances. Comme ils sont expérimentés à travers le samadhi de la parfaite félicité qui implique  une totale détente du corps et de l’esprit, l’attachement ne peut pas se manifester.
Donc, en Sukhavati, toutes les conditions positives internes et externes sont présentes. Tous ce qui est négatif est absent. Mais le plus important est que nous pouvons y rencontrer le Bouddha et recevoir ses enseignements. Les bodhisattvas et les amis spirituels nous donnent également de bons conseils, nous pouvons entrer sur le chemin de la libération et de l’omniscience rapidement.

Karmapa a ensuite changé de sujet, en disant que s’il continuait comme cela, tout le monde s’endormirait. Il allait donc parler de science. Je ne suis pas très érudit en cette matière, a-t-il dit, je n’en ai qu’une compréhension basique, il se peut donc que je fasse quelques erreurs. Il a parlé du grand nombre des galaxies, des nuages de million d’étoiles, du nombre inimaginable d’ univers. Nous savons peu de chose à leur sujet, il n’est donc pas impossible que parmi eux se trouve Sukhavati. Certains disent que Sukhavati n’est qu’une production mentale, une empreinte dans notre esprit. Mais les univers purs et impurs existent, les êtres ordinaires ne peuvent voir que ces derniers. Il y a beaucoup de choses que nous ne pouvons pas voir avec nos yeux physiques, nous croyons par contre en l’existence d’un soi à travers eux et ce qu’ils impliquent.
Gyalwang Karmapa a également parlé du Mont Meru et de la représentation de l’univers dans l’Abhidharmakosha. Certaines mesures correspondent à ce que la science a découvert, et certaines affirmations générales, comme la prépondérance de l’eau par rapport à la terre sont aussi exactes. Lorsque les textes parlent d’une terre dorée, cela ne fait pas forcement référence à quelque chose en or. «  Le Champ d’Or », était le nom de l’Indonésie, le pays du maître d’Atisha, qui portait le même nom, et l’or peut également être compris comme l’essence du monde. Certaines affirmations sont basées sur le samadhi et non sur la technologie, nous devons donc les étudier et y réfléchir.

Puis Karmapa est revenu à sa discussion sur Sukhavati. Certains pensent qu’il n’est pas vrai que Sukhavati nous amène promptement au niveau des bodhisattvas, parce qu’il n’y a pas de souffrance susceptible de créer le mécontentement et la renonciation. D’autres disent que la pratique de la discipline un seul jour dans un monde impur, a plus de valeur que de pratiquer dans un monde pur. A ce point, nous devons comprendre que Sukhavati est au-delà des trois mondes du désir, de la forme et du sans forme. A partir de Sukhavati, nous pouvons aller dans des myriades d’autres mondes  pour écouter le Dharma, qui parle d’impermanence et de souffrance, elles ni sont donc pas inconnues. Ceux qui renaissent en Sukhavati, ont pratiqué le dharma avec diligence et assiduité, sans paresse, leur renonciation est naturelle. De plus la discipline se développe plus rapidement et plus profondément en Sukhavati parce que la prépondérance des conditions positives la stimule. Du point de vue ultime, la nature de la discipline ne change pas quelque soit le lieu où elle est pratiquée.

Sa Sainteté a ensuite dirigé une méditation. Le moyen principal pour renaître en Sukhavati est d’éliminer les voiles de notre esprit. Nous devons visualiser Amitabha, avec Avalokiteshvara à sa gauche et Vajrapani à sa droite, en face de nous. Nous reconnaissons, et confessons nos actions négatives et faisons le vœu de ne pas recommencer. Cela réjoui Amitabha qui sourit et irradie de la lumière vers nous, elle purifie les voiles de notre corps, de notre parole et de notre esprit, permettant ainsi aux qualités des corps, parole, esprit d’Amitabha de se manifester en en nous.

Après la méditation, Karmapa a dit qu’il y avait beaucoup de Festivals de Prières, ici à Bodhgaya. Ils  ne sont possibles que grâce au soutient financier venu des donations faites pour les vivants et les morts.  La sangha se doit donc de faire pour eux de profondes aspirations, leur souhaitant de trouver aisément le chemin de l’illumination. Pour cela il faut se souvenir des qualités du Bouddha, qui est apparu en ce monde et a enseigné le Dharma. C’est grâce à lui que nous pouvons être ensembles et suivre ce Kagyu Monlam. Donc même lorsque nous n’avalons qu’une petite gorgée d’eau, nous devons nous souvenir de sa bonté. Nous prenons sa vie en exemple de ce que nous devons accomplir, pour être en mesure par nos efforts, d’aider les êtres comme il l’a fait, de leur apporter paix et bonheur.
Certaines personnes disent que ce n’est qu’une aspiration. Mais nous devons la faire et le temps est venu pour cela. Nos prières ne sont peut-être que des mots au début, mais nous aspirons à pouvoir les réaliser. Une des principales caractéristique du Mahayana est de faire des vaste plans pour le futur afin d’aider les êtres jusqu’à la fin de l’interminable sansara.
La plus petite goutte de l’océan, ne disparaîtra pas tant que l’océan lui-même n’aura pas disparu. De même si nous dédions la plus petite des vertus à la pleine réalisation, elle ne disparaîtra pas  tant que le parfait éveil ne sera pas atteint. Que nos actions deviennent ou non la cause de la réalisation de l’état de Bouddha, dépend de notre dédicace. Nous sommes le conducteur de la voiture, et nous pouvons choisir la direction à lui donner. Lorsque les bonnes conditions sont réunies, la plus petite graine peut devenir un bel arbre, porteur de beaucoup de fleurs et de fruits. Une petite vertu peut être magnifiée par une vaste aspiration. Le résultat que nous obtenons dépend de la taille de notre intention.
Nous devons donc être plus que confiants dans nos aspirations : «  puisse-je devenir Bouddha aujourd’hui » Le point important n’est pas de penser seulement à  » moi  »,  » mes objets  »,etc. Si nous analysons qui est ce moi et quelles sont ces choses, nous ne trouverons rien,  rien n’a d’existence réelle. Tout est interdépendant. Si nous pensons à notre nourriture, elle nous est donnée grâce à la réunion de nombreuses causes et conditions. Notre renom nous est apporté par les autres, l’air que nous respirons vient de beaucoup de choses extérieures à nous. Il est aussi exact que lorsque beaucoup de personnes émettent conjointement une forte aspiration, sa puissance augmente. Si les hommes et les femmes se rassemblent, et si les moines, les nonnes et les laïcs se rassemblent, leurs aspirations sont plus puissantes.S’il vous plaît gardez cela présent à l’esprit.

Galerie photos de l’évènement :
https://picasaweb.google.com/100292066864922974270/29thKagyuMonlamChenmoDay2

Annonce : Kagyü Mönlam




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