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Le Soliloque de Guéshé Potowa (2ème session)

La deuxième session d’enseignement commence avec le texte :

« Ainsi, peu nombreux sont ceux qui ont détourné leur esprit de cette vie. Beaucoup disent qu’ils sont bodhisattvas, mais je me demande s’ils sont réellement centrés sur cette vie. Je pense à ce que je ferais si je devais mourir ce soir et je n’ai jamais eu la moindre ambition pour demain et les jours suivants. A cause de cela, j’ai compris les points essentiels du dharma. Cela seul est le plus grand soutien pour la méditation. J’avais pensé qu’il en serait aussi de même pour les autres, mais quand je le leur dis, leur attitude n’est jamais compatible avec la mienne. »

Sa Sainteté explique que ceci illustre comment Potowa applique le dharma qu’il connait comme un antidote aux perturbations. Connaître le dharma et enseigner le dharma ne suffisent pas. Le dharma doit être pratiqué tel qu’il est enseigné, intériorisé et appliqué à notre vie.

Dans le texte, Guéshé Potowa explique que les gens s’inquiètent pour lui. Ils taxent ses vues de trop extrêmes et essaient de le dissuader de sa pratique. Ceci, dit-t-il, est l’un des quatre dharmas noirs (manquements au vœu de bodhisattva) : faire regretter à quelqu’un d’avoir fait quelque chose qu’ils n’ont pas à regretter. Il se sent découragé et déprimé que des gens concernés puissent donner de tels conseils car il est pour lui évident qu’ils n’ont pas compris le dharma. C’est comme s’ils disaient :’Faites tout ce que vous pouvez pour ne pas être libéré du samsara.’ Le problème, tel qu’il le voit, est que beaucoup trop de pratiquants du dharma sont encore préoccupés par les choses mondaines et n’ont pas réellement renoncé au samsara.

Sa Sainteté explique que très peu de gens détournent leur esprit de cette vie, très peu ont renoncé à cette vie, mais nombreux sont ceux qui prétendent être des bodhisattvas car ils veulent être connus. Il remarque :

« Selon Potowa, nous ne devrions absolument pas nous inquiéter de savoir si d’autres nous considèrent comme des bodhisattvas … Si nous ne sommes pas attaché à cette vie - que nous soyons bodhisattva ou non - quoi qu’il arrive dans la vie, notre esprit ne sera pas troublé. »

Potowa ne fait pas de projet d’avenir et il suppose à tort que les autres font de même. En raison de cela, les autres s’inquiètent de ce qui va lui arriver et ont peur qu’il meure dans des circonstances désespérées. Lui de son côté ressent pour eux pitié et compassion parce qu’ils sont fixés sur cette vie et qu’ils ne parviennent pas à comprendre le dharma.

Le Karmapa continue son commentaire : « Nous devons nous tourner vers l’intérieur et trouver en nous conviction, croyance et confiance ; autrement, savoir méditer n’est d’aucun profit et savoir enseigner le dharma n’est d’aucune aide. Nous devons réaliser et véritablement croire que tous les phénomènes composés sont impermanents. De plus, il nous faut admettre que cette vie est futile et nous y résoudre. D’autres personnes tentent de faire regretter à Potowa sa façon de pratiquer. Lui, pour sa part, voit comment les gens gaspillent leur vie en se souciant de nourriture et de vêtements. »

Sa Sainteté ajoute que les soutras enseignent qu’en se réjouissant de la vertu d’autrui, nous en obtenons la moitié nous-même. D’où ceci : si elles avaient connu le dharma, ces personnes auraient du se réjouir de la motivation de Potowa pour le dharma. Au lieu de cela, leurs conseils à Potowa et leurs actes montrent à quel point elles sont attachées à cette vie. Potowa trouve qu’il est impossible de parler du dharma avec de telles personnes et il les laisse jacasser.

 

Potowa décrit comment même des gens qui sont considérés comme de bons pratiquants du dharma se trompent de priorités ; ils disent qu’ils veulent vivre dans un monastère pour pratiquer le dharma intensément, mais ils commencent par mettre tous leurs efforts dans l’accumulation de nourriture et de vêtements de façon à ne dépendre de personne. « Il n’y a pas plus d’un ou deux pratiquants qui pensent ‘Que ce qui arrive arrive’ » déclare-t-il.

Sa Sainteté illustre ce dilemme : «  Supposons que nous vivions 50 ans ; nous en passons 25 à dormir. Des 25 qui restent, avant l’âge de 20 ans nous n’avons pas la maturité pour pratiquer ainsi. Donc, une fois qu’on a la maturité, il ne nous reste que cinq ans pour pratiquer. Nous passons le quart de ce temps à acquérir nourriture et vêtements. Donc, des 5 années restantes, il ne nous en reste que les trois quarts pour soit pratiquer le dharma, soit nous occuper de choses mondaines. Et durant le temps qui nous reste, si nous pensons que nous allons d’abord faire tout ce dont nous avons besoin pour cette vie et puis nous ferons tout ce dont nous avons besoin pour notre vie future, il n’y aura pas assez de temps. » Il conclut en disant très clairement : « Il n’est pas possible de tout faire à la fois pour cette vie et pour la suivante. »

Le Karmapa compare alors ceux qui ne se sont pas détournés des soucis de ce monde, qui s’inquiètent de la vieillesse et de la mort, à des abeilles qui recueillent du nectar. Les abeilles passent tout leur temps à récolter le pollen des fleurs pour finir par se faire voler leur miel à la fin. Rien n’est stable ou durable dans la vie car tout est impermanent, tout est en fluctuation, et à la fin nous mourons. « Si nous nous accrochons à la permanence et avons un fort attachement, cela ne fera qu’accroître notre souffrance. »

 

Pour conclure, Sa Sainteté dirige une méditation de shamatha de dix minutes sur le son d’un bol chantant particulier, fait de poussière de diamant (ce qui reste quand on coupe des diamants). « Aujourd’hui je vais faire comme si j’étais artiste, » dit-il en plaisantant. Le Pavillon est totalement silencieux, et les moines, les nonnes et les laïques sont assis dos droit et concentrés, pendant que le Karmapa joue avec talent en modulant la vitesse, l’intensité et la tonalité du bol chantant.

 

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