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Entrer en amitié avec le monde - le Karmapa enseigne sur l’entraînement de l’esprit

12 juillet 2018 - Centre de conférence du Marriot, Tysons, Virginie

 Sa Sainteté salue d’abord toutes les personnes présentes, en particulier les membres de la communauté tibétaine et de l’association bouddhiste du quartier du Capitole dans le District de Columbia, qui ont organisé l’événement. Il adresse aussi un chaleureux salut de bienvenue à tous les frères et sœurs chinois et vietnamiens, et à tous les amis du Dharma. Le Karmapa fait remarquer que la manifestation d’aujourd’hui est organisée en lien avec la célébration de l’anniversaire de Sa Sainteté le Dalaï-Lama, qui a eu lieu au Centre des visiteurs du Capitole au Congrès américain en présence de plusieurs membres de la Chambre des députés.

 Le Karmapa aborde ensuite l’objet de son intervention, les Huit strophes de l’entraînement de l’esprit par le maître Kadampa Langri Thangpa.

 

La première strophe dit :

Considérant tous les êtres vivants

Comme plus précieux qu’un joyau qui accomplit tous les souhaits,

Afin d’accomplir le but le plus élevé,

Je les chérirai toujours.

Le Karmapa explique :

« Cette strophe enseigne comment nous connecter à tous les êtres vivants avec qui nous partageons cette planète. Il est essentiel de savoir comment nous relier aux autres avec compassion et en accord avec le dharma. Si nous leur causons du tort, ceci ne nous conduira qu’à notre propre souffrance. D’un autre côté, si nous pouvons faire naître la bodhicitta et réagir de façon harmonieuse, cela peut nous amener au niveau de l’état de bouddha ou omniscience. En bref, ce que nous enseigne cette strophe, c’est que l’obtention du plein éveil dépend des autres êtres vivants : l’attitude qui consiste à souhaiter leur être bénéfique ouvre le chemin et nous amène à l’éveil. Donc, ceux qui recherchent la réalisation complète doivent estimer les autres et les voir comme supérieurs. »

 

La deuxième strophe dit :

Quand je suis en compagnie des autres,

Je me considère comme inférieur à tous,

Et du plus profond de mon coeur

Je chéris autrui comme étant supérieur. 

Le Karmapa explique :

« Ici, nous sommes encouragés à considérer les autres, du fond du cœur, comme supérieurs à nous et à nous voir comme inférieurs. Une bonne illustration en sont les océans qui se trouvent à l’altitude la plus basse, qu’on appelle le ‘niveau de la mer’. En raison de leur position, les océans reçoivent les eaux du monde entier car toutes les rivières finissent par s’y jeter. De même, si nous perdons notre orgueil et développons la vraie humilité, nous pourrons apprécier les qualités des autres et acquérir d’eux des connaissances, qui se déverseront en nous comme les rivières dans l’océan. Où que nous allions, qui que nous rencontrions ou quelles que soient les circonstances, nous pouvons toujours apprendre quelque chose. Si nous travaillons sur notre orgueil et demeurons humble et ouvert à tout moment, alors toute circonstance offre une occasion d’expérimenter et d’apprendre quelque chose de nouveau. »

 

La troisième strophe dit :

Dans tout ce que je fais, je surveille mon esprit.

Dès que des perturbations s’élèvent,

Je leur fais face fermement et les écarte,

Car elles mettent les autres en danger, ainsi que moi-même.

Le Karmapa poursuit :

« Les strophes précédentes nous conseillent de voir autrui comme supérieur et important ; cependant, ceci est difficile à mettre en œuvre et nous avons parfois du mal à accepter que tous les êtres vivants nous soient supérieurs. A ce stade, il nous faut examiner cette attitude et nous rendre compte qu’elle vient de nos perturbations. Réfléchissons ensuite à ces perturbations et à toutes les fois où elles ont pris le dessus et nous ont causé du tort. Si nous voyons clairement combien elles sont perturbatrices, alors notre attitude de supériorité se dissipera. Nous appuyant sur la vigilance, l’attention et la conscience, nous pouvons saisir les perturbations juste quand elles apparaissent.

Si nous comparons les expériences de quelqu’un qui a entraîné son esprit et de quelqu’un qui ne l’a pas fait, la différence est claire. Par exemple, quand la colère commence à apparaître dans notre esprit, nous avons une chance de l’arrêter, mais quand elle a éclaté, c’est très difficile car la perturbation a pris le contrôle. Cependant, ceux qui ont l’expérience de l’entraînement de l’esprit peuvent voir le processus de la colère qui s’élève ; ils auront ainsi un court temps pour réfléchir avant que la colère se manifeste. Le plus important est donc de nous appuyer sur notre expérience et notre capacité à être vigilant, attentif et conscient. Dès que nous voyons une perturbation qui commence à s’élever, nous la stoppons immédiatement et énergiquement, ce qui est très difficile à faire sans l’expérience de la pratique. »

 

La quatrième strophe traite de l’échange de soi et autre :

Chaque fois que je vois des personnes désagréables

Ou d’autres qui sont sous le joug de sombres méfaits et du malheur,

Comme si je découvrais un trésor précieux,

Je les chéris comme si elles étaient rares et de valeur.

« La deuxième strophe nous conseille de voir les autres comme supérieurs à nous. Cette strophe donne l’exemple d’un trésor précieux qui peut soulager la souffrance de la pauvreté. Si un mendiant le trouve, sa pauvreté disparaît. De même, si nous voyons les autres comme précieux, nous pouvons surmonter nos difficultés.

La première ligne parle de personnes désagréables, ce qui veut dire des gens qui ont mauvais caractère ou ont fait beaucoup de choses négatives. Cela peut même être quelqu’un qui transcende notre capacité de compréhension. En raison de leur caractère ou de leurs actes, ces personnes souffrent constamment. Que faire quand nous rencontrons de telles personnes ? Saisissez l’occasion comme étant une chance rare d’apprendre quelque chose. Comme si nous avions trouvé un trésor inestimable, nous sommes tout excité car rencontrer une personne désagréable nous offre une occasion exceptionnelle d’entraîner notre esprit.

S’engager véritablement dans l’entraînement de l’esprit développe notre capacité à affronter des situations difficiles. Mais ceci ne peut pas arriver si on se contente de rester assis sur un coussin, dans un endroit tranquille de méditation, en pensant :’Puissent tous les êtres connaître le bonheur. Puissent-ils être libres de la souffrance.’ Il nous faut quitter notre zone de confort pour affronter des situations difficiles dans la vraie vie et voir si notre entraînement fonctionne véritablement.

Les soldats connaissent les défis d’un entraînement difficile qui imite un combat réel. Plus tard, quand ils se retrouvent sur un vrai champ de bataille, ils sont pleinement préparés. De même, quand nous nous engageons dans l’entraînement de l’esprit, nous pouvons imaginer des situations stressantes, frustrantes ou déstabilisantes, et mobiliser notre force pour y faire face. Si nous pratiquons ainsi, alors nous pourrons gérer des situations difficiles. Autrement, si nous préférons nous balader et nous détendre dans un état calme en apparence, il ne nous sera pas facile de faire face à de vrais problèmes.

 

La cinquième strophe dit :

Chaque fois que quelqu’un aux prises avec la jalousie

Me fait du tort en me réprimandant ou en me rabaissant,

Je prends la défaite sur moi

Et je donne la victoire à l’autre.

 

« Après avoir exposé les préliminaires sur comment chérir autrui et demeurer humble, le texte en arrive maintenant à la pratique elle-même de l’échange de soi et d’autrui. Il y a deux aspects : utiliser notre imagination et nous engager véritablement dans la pratique, ce qui est semblable à se fonder sur les mots seuls ou sur leur véritable sens. ‘Je prends la défaite sur moi et je donne la victoire à l’autre’, ceci est le message clé de cette strophe, et est exprimé en termes courants, dans la langue de tous les jours. Ici, nous pourrions penser à une affaire judiciaire dans laquelle une personne gagne et l’autre perd. Afin d’apparaître comme une bonne personne aux yeux des autres, quelqu’un peut perdre le procès intentionnellement, mais en fait cette personne n’a pas vraiment la capacité de donner la victoire à autrui et de prendre la défaite sur elle. Ceci peut sembler être une pratique du dharma mais en fait, il n’en est rien ; il nous faut donc examiner les choses soigneusement.

 

La sixième strophe donne ce conseil :

Même quand quelqu’un que j’ai aidé

Et en qui j’ai placé de grands espoirs

Me cause du tort de façon très injuste,

Je le considère comme un véritable ami spirituel.

 

La septième strophe dit :

En bref, de manière directe ou indirecte,

J’aiderai toutes mes mères et leur apporterai le bonheur,

Tout en prenant sur moi secrètement

Toutes leurs blessures et leur souffrance.

La sixième strophe traite de la situation dans laquelle quelqu’un que nous avons aidé nous renvoie la faveur en nous causant du tort. Ne perdant pas une occasion d’entraîner notre esprit, nous voyons cette personne comme notre ami spirituel. La septième strophe continue en ce sens et nous encourage non seulement à ne pas causer de tort à cette personne mais à échanger le tort causé par de l’aide.

Comment nous y prenons-nous pour prendre la défaite sur nous et donner la victoire à autrui ? Une autre façon de regarder nos pensées est de les diviser en deux catégories : celles qui se basent sur l’égoïsme, et celles qui se basent sur l’altruisme. En fait, quand nous acceptons véritablement la défaite, nous écrasons cet égoïsme. Quand nous offrons vraiment la victoire à l’autre, nous nous fondons en lui. Sur un plan ultime, l’entraînement de l’esprit travaille avec la cause des pensées, tandis que, au niveau relatif, dans la vie quotidienne, nous sommes constamment attentifs aux pensées qui se focalisent sur notre propre bien. L’essence de l’entraînement de l’esprit est de développer un état d’esprit altruiste (et ses causes).

La pratique principale pour ce faire s’appelle ‘envoyer et recevoir’ (tonglen). Nombre d’entre vous connaissez déjà cette visualisation. A l’inspiration, nous imaginons que toutes les maladies et souffrances des êtres viennent se dissoudre en nous. A l’expiration, nous imaginons que nous envoyons toutes nos vertus et tout ce qui est positif vers tous les êtres vivants. En fait, ce que nous faisons ainsi, c’est accroître notre pouvoir d’aimer les autres et diminuer notre tendance égoïste. Certaines personnes, néanmoins, se méprennent sur ‘envoyer et recevoir’. Par exemple, elles transforment la pratique en quelque chose qui leur est bénéfique, ou bien elles ont peur que la pratique ne leur cause du tort. En fait, cette inquiétude est bon signe car elle signifie qu’elles prennent la pratique au sérieux et y ont réfléchi. Quelles que soient les méprises, fondamentalement ‘tonglen’ est une pratique qui ne nous causera aucun tort mais va entraîner notre esprit à aimer autrui et à faire son bien. »

 

La huitième et dernière strophe dit :

Je garderai toutes ces pratiques non entachées

Par les pensées des huit dharmas mondains.

Reconnaissant toute chose comme semblable à des illusions,

Puissé-je être libre d’attachement et libéré de la servitude.

« Il est possible que toutes les pratiques mentionnées dans les sept strophes précédentes soient entachées de pensées associées aux huit préoccupations mondaines (souhaiter le bonheur, la célébrité, la louange et le gain tout en craignant leur contraire, la souffrance, l’anonymat, la critique et la perte) et soient ainsi erronées. Le remède est de réfléchir à la vacuité en ‘reconnaissant toute chose comme semblable à des illusions’. Les commentaires notent que les sept premières strophes concernent la vérité relative et cette dernière strophe a trait à la vérité ultime. »

 

« Ceci conclut notre brève discussion des Huit strophes de l’entraînement de l’esprit de Guéshé Langri Thangpa. Il serait bon de mémoriser ces huit strophes et de réfléchir à leur sens. Quand nous traversons des périodes difficiles, nous pouvons nous en souvenir, et elles nous aideront à faire face aux difficultés rencontrées et à pratiquer véritablement l’entraînement de l’esprit. »

 

Enseignements :

La Compassion et la Véritable nature de l'Esprit

Le Guide de l'Environnement du Karmapa

Les 108 choses à faire pour l'environnement

Les déplacements du 17ème Gyalwang Karmapa

Le retour de Karmapa aux U.S.A.

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La vie en Inde

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L’arrivée du Karmapa à Dharamsala bénéficia d’une couverture médiatique extraordinaire dans la presse internationale : The Associated Press, Agence-France Press, The BBC, CNN, NBC, ABC, CBS, The Economist, Newsweek, Time, The New York Times, The Times of India, the Hindustan Times, et la plupart des autres médias du monde entier.