Accueil » Activités » 13 septembre, 2012

Une entrevue avec le 3ème personnage le plus Saint du Tibet – le 17ème Karmapa par Saransh Sehgal

Une  entrevue avec le 3ème personnage le plus Saint du Tibet – le 17ème Karmapa

par Saransh Sehgal

Gyuto, Dharamsala – 13 septembre

Gyalwang Karmapa Ogyen Trinley Dorje est le chef spirituel de l’école Karma Kagyu du bouddhisme tibétain et révéré comme le 3° plus haut Lama du Tibet. Karmapa signifie « celui qui accomplit l’activité du Bouddha », et comme le 14° Dalaï Lama, le 17° Karmapa qui a 27 ans, s’est  aussi échappé de son pays le Tibet pour des raisons religieuses et plus de libertés.

Il vit maintenant dans la ville indienne de Dharamsala, connue comme étant de fait la capitale des tibétains en exil, et qui est devenue l’épicentre du bouddhisme tibétain et des membres du gouvernement éloignés de leur pays.

 

Son évasion spectaculaire du Tibet en 1999 a fait de lui un héros pour les exilés tibétains, et il a attiré l’attention du monde en ayant fait croire au gouvernement chinois qu’il allait se retirer dans ses appartements pour une  période de retraite alors qu’en fait il s’échappait avec l’aide d’une poignée de personnes. Il n’avait que 14ans, mais les membres des mouvements tibétains ont vu immédiatement en lui un jeune leader charismatique, sachant établir un équilibre entre sa spiritualité et le  monde moderne.

 

Le jeune et énergique Karmapa est la jeune voix du Tibet, et beaucoup voient en lui le futur visage du bouddhisme dans sa globalité, et spécialement lorsque l’actuel Dalaï Lama quittera ce monde. Appartenant à la plus ancienne école du bouddhisme tibétain – l’école Kagyu – le 17° Karmapa est détenteur d’une lignée de plus de 900 ans.

 

Le 17° Karmapa Ogyen Trinley Dorje est reconnu par le Dalaï Lama et la majeur partie des tibétains à l’intérieur comme à l’extérieur du Tibet. New Delhi lui interdit toujours de se rendre dans son monastère de Rumtek,  le siège de l’école Kagyu en exil, dans l’état indien du Sikkim proche de la frontière chinoise, ainsi qu’en occident où ses disciples européens et américains et tous ses partisans l’attendent pour recevoir ses bénédictions et écouter ses enseignements.

 

Néanmoins, son influence et sa position particulière ne peuvent pas être ébranlées, il est l’un des personnages les plus saints du bouddhisme tibétain et son étroite relation avec le Dalaï Lama peut être le signe que le monde pourrait voir en lui un grand leader du futur, et particulièrement d’un point de vue géopolitique. Dans un entretien exclusif et rare avec une agence de presse australienne – APA-Austrian Presse Agentur – il parle de sa vie, de la situation au Tibet de ses espoirs que les restrictions à ses déplacements seront abolies et qu’il pourra ainsi rencontrer ses disciples européens.

 

Saransh Sehgal : En tant que leader spirituel, vous êtes aussi un personnage influent de grand poids pour les tibétains à l’intérieur comme à l’extérieur du Tibet, comment percevez-vous cela?

 

Sa Sainteté le 17° Gyalwang Karmapa :  Sur le plan historique, les Karmapas ont toujours eu une haute  position et une grande dignité spirituelle et donc un rôle à jouer. Pour moi le peuple tibétain au Tibet comme en exil a une grande foi et je sens que ma responsabilité est de servir le peuple et la nation. C’est un service à la fois social et spirituel.

 

Saransh Sehgal :  Le monde vous voit comme le futur visage du bouddhisme ( particulièrement lorsque Sa Sainteté le Dalaï Lama aura quitté ce monde), qu’en pensez-vous?

 

Sa Sainteté le 17° Gyalwang Karmapa : Je ne vois pas aussi loin. Il y a beaucoup de choses à apprendre dans le bouddhisme, qui est très profond et vaste, et je suis encore en train d’en apprendre la philosophie et les pratiques. Tout d’abord il est important d’être un être humain qui a bon cœur, qui se  conduit bien  et qui devienne un bon pratiquant afin de pouvoir être bénéfique aux autres, c’est ma responsabilité. Et il n’y a pas que moi, mais beaucoup d’autres Rinpoche et Lamas, et notre communauté bouddhiste est vaste. Il y a de nombreux jeunes leaders dans la communauté tibétaine qui sont en train de grandir, il n’y a donc pas que moi  comme nouveau visage du bouddhisme mais sans doute beaucoup d’autres.

Saransh Sehgal : Vous êtes l’un des plus moderne leader spirituel tibétain avec  iPod, PlayStation et internet. Comment parvenez-vous à équilibrer spiritualité et modernité?

 

Sa Sainteté le 17° Gyalwang Karmapa : Je pense parfois que le 21° siècle est plus matérialiste, nous avons plus de besoins qu’avant. Mais ces choses matérielles peuvent devenir des obstacles à la pratique, parce que lorsque nous possédons trop de choses nous pouvons nous laisser emporter et nous ne pouvons plus nous focaliser et nous concentrer sur la pratique. Mais si j’essaye simplement de me servir de ces choses alors il n’y a pas de problème. En fait, l’important est l’état d’esprit, nous ne pouvons pas rejeter les choses matérielles, c’est particulièrement difficile pour quelqu’un comme moi, je ne peux pas m’échapper de la société et me retirer dans un lieu isolé. Mais par l’entraînement de l’esprit il est possible de rester concentré et de ne pas se laisser emporter par ces choses matérielles.

 

Saransh Sehgal : Quelle est la situation actuelle au Tibet?

 

Sa Sainteté le 17° Gyalwang Karmapa : La situation à l’intérieur du Tibet est très difficile et triste, il y a beaucoup de nouvelles qui me brisent le cœur car de nombreux tibétains s’immolent par le feu. C’est épouvantable.

 

Saransh  Sehgal : Quel est votre point de vue  à propos du nombre d’immolations qui a dépassé les 50?

 

Sa Sainteté le 17° Gyalwang Karmapa : Il est très difficile d’en parler, il y a un grand nombre de personnes avec des idées différentes, mais je suis très inquiet qu’un jour on ne parle plus que du nombre, déjà 50 puis peut-être 70, 80. Donc juste un nombre sans résultat ou influence positive, ce qui est  réellement triste.

 

Nous autres tibétains considérons cette vie humaine comme très précieuse.

 

De plus je me demande aussi si à notre époque la communauté internationale va soutenir plus fermement ou non la cause tibétaine, je n’en suis pas sûr. Du fait de la crise économique mondiale tout le monde souhaite avoir de solides relations avec la Chine.

 

Saransh Sehgal : Voudriez-vous que la communauté internationale fasse pression sur le gouvernement Chinois pour qu’il engage des pourparlers avec les tibétains en exil?

 

Sa Sainteté le 17° Gyalwang Karmapa : C’est quelque chose dont je ne peux pas parler en détail, il vaudrait mieux que vous posiez la question au Premier Ministre du gouvernement tibétain  le Kalon Tripa Dr Lobsang Sangay.

 

Saransh Sehgal : Pouvez-vous nous parler de votre relation avec Sa Sainteté le 14° Dalaï Lama?

 

Sa Sainteté le 17° Gyalwang Karmapa : Lorsque j’étais au Tibet, et bien que je ne  puisse pas le voir, j’avais avec lui une connexion forte, chaque tibétain  a cette profonde et sainte considération. Sa Sainteté est Avalokiteshvara – le Bouddha de la Compassion ou  Bodhisattva vivant. Lorsque je suis arrivé en Inde j’ai reçu de lui beaucoup d ‘enseignements et de directives, et notre relation s’est renforcée comme celle du maître avec son disciple.

 

Saransh Sehgal : Votre Sainteté, vous avez de nombreux disciples en Europe, puis-je vous demander quel conseil vous pourriez donner aux pratiquants occidentaux.

 

Sa Sainteté le 17° Gyalwang Karmapa : Dans l’immédiat, je n’ai pas de conseil particulier, mais je veux les voir parce qu’ils m’attendent depuis longtemps, et j’ai également ce souhait.

 

Saransh Sehgal : On vous a refusé l’autorisation de voyager en occident où vos centres du dharma et vos disciples ont exprimé leur requête  pour des enseignements. Pouvez-vous nous expliquer comment cela vous touche du point de vue personnel et ce que vous pourriez dire à vos disciples si contrariés de voir ces restrictions politiques?

 

Sa Sainteté le 17° Gyalwang Karmapa : Personnellement je trouve cela très triste et décevant, parce que lorsque j’étais au Tibet je ne pouvais pas voyager dans la région que les chinois appelle la Région Autonome du Tibet, et en fait quand je suis arrivé en Inde je pensais que tout allait changer – je peux me déplacer librement et voir qui je veux voir, mais depuis mon arrivée il y a eu beaucoup de remous politiques et je ne suis pas libre à cent pour cent. Il y a déjà 12 ans c’est une longue période et je ne crois pas que je pourrais attendre encore 12 ans. J’ai déjà demandé au gouvernement indien de prendre en compte ma requête et de me laisser voyager librement.

 

Saransh Sehgal : Quand les européens pourront-ils vous voir faire le tour de l’Europe? Peuvent-ils espérer vous  rencontrer dans les prochains mois?

 

Sa Sainteté le 17° Gyalwang Karmapa : Je ne peux rien dire maintenant, mais j’espère que cela sera possible l’année prochaine.

 

Saransh Sehgal : Qu’attendez-vous de l’Union Européenne ( c’est peut-être spécial pour l’Australie) concernant le conflit Tibet/Chine?

 

Sa Sainteté le 17° Gyalwang Karmapa : Bien sûr l’Australie et l’Europe ont beaucoup agi dans le passé et peuvent toujours agir, mais je ne peux pas donner de conseil à ce sujet. Mais Dr Lobsang Sangay le chef du gouvernement tibétain en exil peut lancer un appel.

 

Saransh Sehgal : Vous avez une affinité particulière en ce qui concerne la protection de l’environnement, pouvez-vous nous en parler?

 

Sa Sainteté le 17° Gyalwang Karmapa : Je pense que le problème de l’environnement est le problème du 21° siècle. Nous avons causé beaucoup de dégâts à l’environnement et maintenant nous en sommes au point où il est nécessaire de changer notre comportement. Changer notre comportement est la première des nécessités. C’est ce que ne réalisent pas encore un grand nombre de personnes. Nous devons comprendre la valeur de la nature, que nous sommes en interconnexion avec elle et que nous dépendons d’elle et comprendre combien il est important de la protéger et de la préserver.

 

Saransh Sehgal : Quel est votre point de vue sur la première athlète tibétaine -  Choeyang Kyi – a avoir remporter une médaille aux jeux olympiques mais pour la Chine?

 

Sa Sainteté le 17° Gyalwang Karmapa : Cela n’a pas d’importance, dans le passé lorsque les japonnais occupaient la Corée, un athlète coréen ( Sohn Kee-Chung) a remporté une médaille d’or pour le Japon, mais il était coréen.

Je suis fier de sa réussite. Elle est la première tibétaine a gagner aux jeux olympiques et je pense que c’est une fierté pour tous les tibétains et particulièrement pour les femmes tibétaines.

 

Saransh Sehgal:  Pensez-vous que vous reverrez un jour votre pays le Tibet et que la Chine changera sa politique et permettra à Sa Sainteté le Dalaï Lama, à vous et aux exilés tibétains de rentrer au Tibet?

 

Sa Sainteté le 17° Gyalwang Karmapa :  Je crois que je le reverrai. Les exilés ont des opportunités et nous savons que le monde change rapidement au 21° siècle, et la Chine devrait changer aussi. J’espère que je pourrai revenir dans mon pays, et pas seulement moi, Sa Sainteté le Dalaï Lama aussi.

 

Saransh Sehgal est un collaborateur de l’agence australienne basé à Dharamsala qui poursuit actuellement des études  à Vienne en Australie. 

Enseignements :

La Compassion et la Véritable nature de l'Esprit

Le Guide de l'Environnement du Karmapa

Les 108 choses à faire pour l'environnement

Les déplacements du 17ème Gyalwang Karmapa

Le retour de Karmapa aux U.S.A.

Le retour de Karmapa aux U.S.A.

Le 19 mai 2008, dans la salle du Hammerstein Ballroom de New-york, le public était serré et enthousiaste : Tibétains, Chinois et Occidentaux, la plupart étaient disciples du précédent Karmapa. Le silence se fit plein de promesses, lorsque Dzogchèn Ponlop Rinpoché présenta le tant-attendu Karmapa Ogyen Trinley Dorjé…

Présentation du Karmapa aux Etats-Unis par Dzogchèn Ponlop Rinpoché, Principal organisateur de la venue du Karmapa aux Etats-Unis en 2008

Présentation du Karmapa aux Etats-Unis par Dzogchèn Ponlop Rinpoché, Principal organisateur de la venue du Karmapa aux Etats-Unis en 2008

La première visite de Sa Sainteté le 17ème Gyalwang Karmapa, Ogyèn Trinley Dorjé, aux Etats-Unis est un événement historique et une occasion à la fois joyeuse et mémorable pour ses nombreux étudiants et amis dans le monde occidental. Sa Sainteté, qui est à la tête de l’école Kagyu du bouddhisme tibétain, est largement reconnue comme étant un des plus grands Maîtres spirituels de notre temps…

La vie en Inde

La vie en Inde

L’arrivée du Karmapa à Dharamsala bénéficia d’une couverture médiatique extraordinaire dans la presse internationale : The Associated Press, Agence-France Press, The BBC, CNN, NBC, ABC, CBS, The Economist, Newsweek, Time, The New York Times, The Times of India, the Hindustan Times, et la plupart des autres médias du monde entier.