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Karmapakshi et un conte de Jakata – une représentation théâtrale avec danse et opéra tibétains.

3 mars 2012

Pour la soirée du 3 mars,  l’aspect de la scène du Monlam avec son immense autel a été modifié par la présence de quatre grands piliers disposés sur le devant.  Décores de brun sombre et rehaussés de filigrane d’or, surmontés de fleurs de lotus, il servent de support aux quatre animaux – tigre, garuda, vautour et lion des neiges – qui étaient apparus à Milarepa dans son célèbre rêve. Ils représentent les quatre disciples principaux de Marpa le Traducteur, de qui procède la lignée Karma Kamtsang. Depuis la scène, les rangées de sièges remplissent jusqu’au fond le chapiteau du Monlam, trois écrans sont placés par intervalles de chaque côté et éclairent  la nuit en diffusant les couleurs chaudes et brillantes de la scène.

La représentation de ce soir est basée sur la vie du 2ème Karmapa, Karma Pakshi (1206-1283). La pièce de théâtre écrite par Gyalwang Karmapa en langage contemporain, retrace trois épisodes : l’arrivée d’Orgyenpa ( 1230-1312) qui sera le détenteur de la lignée de Karma Pakshi ; la rencontre entre ces deux grands Lamas ; et finalement Orgyenpa rencontrant et reconnaissant le 3ème Karmapa, Rangjung Dorje ( 1284-1339).  A l’époque du 7ème Karmapa, ce genre de représentation, basée sur la vie des bouddhas, des bodhisattvas ou des êtres réalisés, était jouée au cours des 15 premiers jours de la nouvelle année, pour commémorer le temps où le Bouddha accomplissait des miracles. A Tsurphu – siège principal des Karmapas – la coutume était de pratiquer les 20 Branches Meulam le matin  et les pièces de théâtre l’après-midi.

Cette année, comme à son habitude, Karmapa s’est impliqué dans les répétitions et la mise en scène. Il est présent dans la grande pièce de rangement qui se trouve derrière la scène, où les acteurs se préparent rapidement. Sa présence et l’intérêt qu’il manifeste dans tout ce qui se passe, apporte de la gaieté à l’espace. Un khampa tresse un ruban rouge avec ses longs cheveux, et l’enroule autour de sa tête. Ogyenpa teint ses cheveux en gris avec un liquide blanc. Un membre du Bureau de Karmapa aide un acteur, qui jouera le rôle de l’assistant de Karmap Pakshi, à  arranger correctement les plis de sa robe. Le chef du TIPA ( Tibetan Institute of Performing Arts ) interprétera le rôle de Karma Pakshi, et son jeune fils, qui rate deux semaines de cours pour cette occasion spéciale, celui du 3ème Karmapa enfant. Avec des sourires empreints de tendresse et de ravissement, Sa Sainteté se place devant le jeune acteur qui est habillé en moine et porte la coiffe d’activité des Karmapa, il retire la coiffe et pose sa main sur la tête du garçon. Gyalwang Karmapa se souvient peut-être du temps où il avait son âge et sa taille et portait pour la première fois cette coiffe à Tsurphu.

Dans un autre coin de la salle, les acteurs de l’école TCV Suja, répètent leurs pas faisant tinter les clochettes à leurs chevilles. Karmapa a une connexion spéciale avec ces étudiants qui sont tous des réfugiés.La première année où il lui a été permis de voyager,  il s’était rendu à cette école et les étudiants avaient  présenté un spectacle pour lui. Ce soir, deux garçons  venus du Tibet il y a dix ans, sont assis près de leurs instruments à cordes, une mandoline de l’Amdo, un dranyen – appelé parfois guitare tibétaine – du Tibet central,  et le piwang, instrument à une seule corde de l’Est du Tibet, le plus difficile à jouer. Les garçons ont seulement appris à jouer de ces instruments lorsqu’ils sont arrivées en Inde, ce qui montre bien l’importance des efforts du Karmapa pour préserver la culture tibétaine et en encourager les  représentations.

Avant le début du spectacle, Sherab Tarchin est monté sur la scène pour donner quelques informations. Il a dit qu’il était difficile de rencontrer le 7ème Karmapa, il fallait attendre longtemps, et les entretiens étaient brefs. Mais il était très doué, et a créé le Festival de Prières du Grand Campement. Il avait lieu sous une tente de cent piliers, aux spirales dorées, et aux myriade de décorations de couleurs vives et d ‘objets   précieux comme les perles et le cristal. Tout était si magnifique que les grands maîtres disaient qu’ils  croyaient vivre un rêve. Sous la tente, le matin était destiné à la prière, les après-midi étaient consacrés au théâtre, dans le but d’offrir à la fois distraction et éducation. C’est cette tradition que le 17ème Karmapa fait revivre.

Sherab Tarchin a ensuite donné une courte présentation de Karma Pakshi. Avant sa mort, le 1er Karmapa, Dusum Khyenpa, avait dit que quelqu’un naîtrait pour accomplir ses souhaits. Karma Pakshi est né dans la famille d’un descendant du roi du Dharma, Trisong Deutsen. Ce Karmapa était très connu pour les miracles qu’il avait accomplis à la cour de Kublai Khan et pour la célèbre statue de Bouddha qu’il avait créé à Tsurphu. Il est dit aussi qu’il avait reçu des enseignements directement de Vajra Varahi. Le maître accompli, Orgyenpa était très célèbre, mais Karma Pakshi l’a humilié pour lui faire perdre son orgueil. Il est alors devenu son disciple et la figure principale de la lignée Kamtsang.

Le premier acte se tient dans les quartiers de Karmapa à Tsurphu. Les moines endormis  tentent comiquement de se réveiller les uns les autres et de se  rassembler. Un choeur reprend les paroles de Karma Pakshi qui chante d’une voix perçante la venue d’Orgyenpa de Latö «  il est semblable au ciel qui recouvre la terre. » La scène suivante représente Orgyenpa et ses assistants sur la route de Tsurphu, accueillis par les moines de Karma Pakshi. Dans la  3ème scène, Orgyenpa est escorté de façon traditionnelle vers le monastère, mais la foule qui l’attendait patiemment transforme l’arrivée en chaos en se poussant et se bousculant pour se rapprocher et obtenir les bénédictions du Lama.  Le retour au calme nécessite l’intervention de cinq khampas avec leur équipe. Cette scène familière à tous a déclenché les rires et les applaudissements de l’auditoire. Lorsqu’il rencontre le Karmapa, Orgyen se comporte avec hauteur, mais Karma Pakshi le subjugue en lui répétant mot pour mot ce qu’il a lu dans ses pensées. Il lui confère ensuite l’initiation de Gyalwa Gyamtso et lui offre la coiffe de l’activité et un texte. Il lui donne aussi  une instruction précise :

Reconnais maintenant que les apparences vides sont le dharmakaya, l’énergie sans obstacle est le sambhogakaya et les diverse manifestations le nirmanakaya.  Et donc que tout ce qui peut apparaître ne fait qu’un avec les trois kayas.

Sherab Tarchin remonte sur la scène pour poursuivre la narration. Karma Pakshi a dit que lorsque ses activités de cette vie prendraient fin, il renaîtrait à Latö et a demandé à Ogyenpa de le reconnaître.  Karma Pakshi était le premier tulku, mais, le 3ème Karmapa a été le premier grand maître à être reconnu par un autre grand maître.
Dans la scène finale, Orgyenpa entend parler d’un enfant qui affirme être le Karmapa, il érige un trône très haut pour montrer que seul le Karmapa oserait grimper dessus. Le jeune garçon apparaît et  monte sur les marches de façon tout à fait naturelle pour s’asseoir sur le trône. De sa précédente vie, la jeune réincarnation se souvient des conversations qu’il a eu avec Orgyenpa et de ce qu’il avait donné au vieux maître – la coiffe de l’activité et le texte.  Orgyenpa fait alors apporter la coiffe noire et la place sur la tête de l’enfant, tout d’abord de guingois, provoquant à nouveau les éclats de rires dans l’assistance. Pour terminer, les danseurs de l’école Suja viennent sur la scène, et agitent leurs longue manches rouges et blanches en rythme avec celui des battements des tambours.

Le narrateur explique enfin, que la représentation suivante est celle d’un conte de Jakata, qui relate une vie antérieure du Bouddha, lorsqu’il était le roi Lodro Zangpo. Les acteurs et les actrices font partie de la compagnie Rumtek Opera Society, formée en 1961 à l’époque du 16ème Karmapa, qui aimait beaucoup l’opéra tibétain. Quelque fois la troupe donnait des représentations sept jours de suite. Parmi les acteurs de ce soir, certains  sont   des membres de la troupe originelle, ils assurent l’éducation de la nouvelle génération, et permettent la préservation de cette tradition qui a été initiée au Tibet  par Thangtong Gyalpo ( 1385-1464). L’opéra s’est achevé avec le retour sur la scène de tous les acteurs qui ont lancé un vivant « Ki ki so so lha gyalo ! » ( les dieux sont vainqueurs!)

Sa Sainteté a alors été invité à monter sur scène, il a remis à tous la longue écharpe blanche et remercié le directeur du TIPA, le responsable de l’école Suja et le directeur du Rumtek Opera Society.  Karmapa a parlé de son  espoir de faire  revivre la tradition du 7ème Karmapa , en disant que les enseignements des bouddhas et des bodhisattvas peuvent prendre plusieurs formes, et pas uniquement celle des enseignements par la parole. Les aspirations et les prières des 20 Branches Monlam, aident d’innombrables des êtres vivants, et voir la vie des grands êtres du passé peut laisser une impression forte et durable dans nos esprits, et les tourner vers le Dharma. Gyalwang Karmapa a ensuite remercié tous les acteurs et a dédié les mérites  de cette soirée afin qu’ils soient la graine d’un karma positif pour chacun de nous et source de longue vie, libre de tout obstacle, pour les grands maîtres de ce temps, dont en premier lieu Sa Sainteté le Dalaï Lama.

Puisse la paix et la compassion être partout présentes dans le monde

Galerie photos de l’évènement :
https://picasaweb.google.com/100292066864922974270/KarmaPakshiAndAJatakaTale

Annonce : Kagyü Mönlam




Enseignements :

La Compassion et la Véritable nature de l'Esprit

Le Guide de l'Environnement du Karmapa

Les 108 choses à faire pour l'environnement

Les déplacements du 17ème Gyalwang Karmapa

Le retour de Karmapa aux U.S.A.

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Présentation du Karmapa aux Etats-Unis par Dzogchèn Ponlop Rinpoché, Principal organisateur de la venue du Karmapa aux Etats-Unis en 2008

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La vie en Inde

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L’arrivée du Karmapa à Dharamsala bénéficia d’une couverture médiatique extraordinaire dans la presse internationale : The Associated Press, Agence-France Press, The BBC, CNN, NBC, ABC, CBS, The Economist, Newsweek, Time, The New York Times, The Times of India, the Hindustan Times, et la plupart des autres médias du monde entier.